«Le SKD et le CKD, un passage obligé» selon le consultant Réda Amrani

«Le SKD et le CKD, un passage obligé» selon le consultant Réda Amrani

Le Temps d’Algérie : Le gouvernement est en train de revoir sa copie de fond en comble en ce qui concerne l’industrie de montage en Algérie. Comment expliquez-vous cette nouvelle orientation ?

Reda Amrani : La crédibilité symbolique de l’Algérie en prend un sacré coup. Nos dirigeants semblent ignorer que c’est l’image du pays qui est écornée profondément. Les mesures prises, revues, et ensuite annulées pour être une nouvelle fois reprises renseignent avant tout, et de manière éloquente, sur l’incapacité des responsables à mettre en œuvre des politiques cohérentes. Et cela n’est pas sans conséquence. Le peu de confiance qui existait dans l’économie algérienne est en train d’être dilapidé. Quel est aujourd’hui cet investisseur étranger qui prendrait le risque de miser son argent dans de telles conditions ? Comme si les différents rapports négatifs sur le climat des affaires en Algérie et sur les indices de confiance ne suffisaient pas ! Je pense que c’est une erreur que de tout remettre en cause et de reprendre tout dès la case départ du jour au lendemain. Ce sont, de mon point de vue, des décisions intempestives qui n’ont aucun sens.

Mais des failles graves ont été révélées au grand jour. L’industrie automobile qu’on a voulu vendre pour acquise a finalement accouché d’une souris …

Les industries de montage nécessitent des années de travail. C’est un processus long et dont l’intégration est très complexe. Plus de dix métiers interviennent dans le montage d’une seule voiture de plus de 30 000 pièces différentes. Ce n’est pas une affaire de quelques mois. Il faut 10, 15 voire 20 ans pour mettre en place une véritable industrie automobile. Et cela implique une courbe d’apprentissage complexe pour pouvoir accéder à cette technologie, ensuite, la maîtriser. Il faut saisir par là qu’il y a une période d’adaptation et une période de formation : c’est un passage obligé, c’est inévitable. Beaucoup reste encore à faire et les tergiversations de quelques fonctionnaires mal inspirés s’arrogeant le droit de parler au nom du gouvernement ne devraient pas imposer leurs visions et leurs «expertises» qui, en fin de course, ne font que plus de mal à une industrie qui n’est qu’à ses balbutiements. On ne peut pas espérer gagner de l’argent au bout de neuf mois. Nous ne disposons même pas de 6% de surface consacrée aux zones d’activité industrielle. Le Maroc comptabilise 90 zones industrielles et près d’une vingtaine de plateformes industrielles. Nous avons besoin de la stabilité au niveau des décisions, de la stabilité au niveau de la réglementation, de la stabilité monétique, et enfin de la stabilité sociale. C’est ce qui fait d’un pays, un pays attractif capable de capter les IDE et par la suite générer de la compétitivité et de la richesse.

Les décisions prises par le gouvernement Tebboune ne proviennent pas du néant ! Elles sont faites sur la base d’enquêtes et d’études menées sur le terrain …

Qui a conduit ces enquêtes et ces études ? Elles sont faites par qui et quand ? Dispose-t-on d’un institut de technologie capable de mener des études sérieuses ? Dispose-t-on d’un centre technique de l’industrie automobile en Algérie ? Y a-t-il des universitaires, des chercheurs en mesure de suivre et de gérer le secteur, de le soutenir et de le développer ? Encore une fois, je pense que ce sont des décisions intempestives. Ce sont des fonctionnaires campés dans leurs bureaux qui prennent les décisions dans le but de plaire à leurs ministres.

Le gouvernement prépare un nouveau cahier des charges régissant le secteur de l’industrie automobile. Qu’en pensez-vous ?

Fumisterie ! On ne change pas des cahiers des charges au milieu du gué. Des investisseurs se sont engagés et ont commencé à travailler. Quelque temps plus loin, on leur soumet un nouveau cahier des charges ! C’est un non- sens. Et ça ne sert à absolument à rien.
Encore une fois, l’industrie automobile a besoin de passer par le SKD, CKD pour ensuite atteindre l’intégration. Il faut du temps pour cela, c’est un passage obligé. De plus, il y a des dizaines de produits que l’Algérie peut développer sans attendre les constructeurs. Usine de pneumatiques, usine de fabrication de pare- brise, de caoutchouc, etc.

K. B.

Source : Le Temps d’Algérie

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